
Par Marc Lalonde, chroniqueur pour LES CONNECTEURS, et responsable de pratique, vision au CRIM
Publié le 21 novembre 2025
Nous vivons dans une ère de post-vérité, où l’information — souvent teintée d’opinions — circule abondamment et à grande vitesse sur les réseaux sociaux. Le phénomène est amplifié par le climat politique actuel, où des acteurs décomplexés partagent sans retenue toutes sortes de contenus d’origine douteuse. Un terreau fertile pour la désinformation, avec la production de contenus délibérément erronés en vue d’influencer la population.
La désinformation a un impact particulièrement délétère quand elle touche des enjeux globaux : conflits géopolitiques, santé des institutions démocratiques, marchés financiers, etc. C’est le cas de la lutte contre les changements climatiques, qui fait l’objet d’attaques soutenues.
Le phénomène de désinformation climatique ne date pas d’hier. Dans les années 1990, il était soulevé comme un problème émergent dont il fallait se soucier. Avec les années, les attaques sont plus subtiles : moins frontales, elles cherchent moins à convaincre la non-existence du phénomène qu’à ralentir le déploiement d’actions concrètes). Elles sont aussi menées par des acteurs puissants et coordonnés : gouvernements étrangers, corporations, etc. La situation est à ce point sérieuse que l’on associe l’expression « menace à la sécurité nationale » à la désinformation climatique.
« Avec les années, les attaques sont plus subtiles (…) Elles sont aussi menées par des acteurs puissants et coordonnés (…) »
Le résultat concret est une perte de confiance de la population envers les institutions démocratiques et la communauté scientifique, avec comme conséquence une réduction de son adhésion aux efforts de lutte, que ce soit avec la réduction de la production de GES mais aussi l’adaptation aux changements. On dit même que la désinformation est une barrière significative dans la lutte contre les changements climatiques.
Des campagnes importantes de désinformation climatique ont été reliées à des entreprises d’exploitation des énergies fossiles ou à des gouvernements de pays producteurs comme la Russie. On voit donc que les intérêts économiques et géopolitiques sont des incitatifs importants.
Des mouvements hétéroclites, sans lien direct avec les enjeux climatiques, peuvent tirer profit du terreau fertile de la désinformation climatique, que ce soit en raison d’une volonté de préserver le mode de vie actuel ou d’un positionnement libertarien ou antigouvernemental.
Ces acteurs adoptent plusieurs tactiques afin de faire passer leur message. En voici des exemples :
De quels moyens la société dispose-t-elle pour réduire l’impact de la désinformation climatique ? D’entrée de jeu, soulignons le caractère délicat de l’exercice de réaliser des communications sur ce sujet, à un point tel que les Nations Unies suggèrent des lignes directrices pour le faire. Ne perdons pas de vue non plus que la lutte contre toute forme de désinformation peut s’approcher de la fine ligne entre censure et liberté de parole.
Cela dit, comme pour la désinformation en général, plusieurs axes de combat existent :
Finalement, soulignons le rôle de l’intelligence artificielle, qu’on perçoit comme un outil facilitateur de création de contenu trompeur ou même complètement faux. L’IA peut aussi aider à combattre la désinformation par sa capacité à analyser un grand volume d’informations. Compte tenu des dernières avancées dans ce domaine,
« Faire face à la crise climatique : intégrité de l’information et défi de la désinformation climatique »
« Désinformation et déni climatique : revue de la littérature et portrait de la situation au Québec »