Des médecins relancent le débat sur la gestion de la COVID-19
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Reportage de Sacha Israël | Publié le 6 février 2025
Trois acteurs du système de santé dont un médecin pratiquant sont venus présenter les conclusions faites à l’issue de la gestion de la crise sanitaire lors de la tenue d’une conférence à Longueuil. Cinq ans après le début de la pandémie de COVID-19, le sujet reste polarisé. Entre controverses scientifiques et bilans de crise, les tensions persistent parmi les experts et les professionnels de santé. Le 28 janvier dernier, le collectif Réinfo Québec a présenté ses conclusions sur la gestion de la crise sanitaire lors d’une conférence. Une occasion de présenter ce qu’ils ont qualifié de « mise en demeure » adressée au Collège des médecins du Québec, en novembre dernier.
Plusieurs membres du collectif indépendant Réinfo Québec comme Bernard Massie, chercheur scientifique à l’institut national de biotechnologie, le médecin de famille Simon Ruelland, le médecin retraité Robert Béliveau ainsi que la citoyenne Paula St-Arnaud, sont venus présenter des constats et témoignages issus de l’époque de la crise sanitaire, en lien avec la commission d’enquête nationale citoyenne publiée en 2023.
Cette époque marquée par diverses tensions relatives à l’arrivée d’un nouveau virus inconnu et imprévisible de prime abord, a provoqué quelques bouleversements dans le quotidien des Québécois et du reste du monde. Entre confinements, couvre-feux, masques et distanciation sociale, les mesures mises en place étaient nombreuses, mais avaient un objectif commun selon les représentants d’État : celui de limiter la propagation du virus. Des mesures qui se sont pérennisées avec en cours de route, l’arrivée d’un vaccin contre la COVID-19, qui a également été au cœur de quelques polémiques.
Gestion de la crise : une confiance ébranlée envers les autorités
Si cette époque est encore vive dans les mémoires par ses mesures exceptionnelles, elle demeure aujourd’hui motif d’une confiance ébranlée envers les autorités publiques, selon les conférenciers.
La commission d’enquête nationale citoyenne regroupant les témoignages de chercheurs, médecins, spécialistes internationaux et de citoyens, tire ses conclusions quant aux conséquences de ces mesures. Le rapport de la commission soulève les incidences de ces mesures sur « la santé physique et mentale, les libertés civiles et fondamentales, l’emploi et les moyens de subsistance, ainsi que le bien-être social et économique général de presque tous nos concitoyens », comme l’indique Bernard Massie. Au-delà de la dimension sociale, le chercheur évoque une autre conclusion du rapport à l’effet que la vaccination de masse ne proviendrait d’aucun fondement scientifique.
Rappelons que la stratégie vaccinale mise en place par le gouvernement avait pour objectif de vacciner la population à grande échelle afin de réduire la transmission et la contamination du virus ; des avantages mis de l’avant à travers une grande campagne de vaccination promue dans la province et dans le reste du pays. La vaccination visait ainsi à prévenir les complications graves du coronavirus.
« (…) la Commission interpelle résolument les prémices de la pandémie et de ses mesures de santé publique en affirmant (…) que les mesures liberticides non scientifiques – confinement, couvre-feu, distanciation sociale et les masques – étaient contre-productives. »
– Bernard Massie, chercheur scientifique en biotechnologie
« Sur le plan de la santé, la Commission interpelle résolument les prémices de la pandémie et de ses mesures de santé publique en affirmant à partir des témoignages d’experts indépendants en épidémiologie, en virologie, en immunologie, vaccinologie, santé publique et médecine (…) 1) qu’il n’y a pas eu d’excès de mortalité significative dû à un nouveau virus pathogène durant la pandémie ; 2) que les mesures liberticides non scientifiques – confinement, couvre-feu, distanciation sociale et les masques – étaient contre-productives ; 3) que l’absence de traitement précoce était à la fois injustifiée et mortifère ; 4) qu’il n’y avait pas de fondement scientifique à la vaccination générale, tandis que les mandats avec les produits de thérapie géniques vaccinaux ont causé plus de tort que de bien », soutient Bernard Massie.
Un « réel parcours du combattant » pour obtenir des réponses
Paula St-Arnaud, citoyenne présente à la conférence, est venue témoigner du décès de son père, triplement vacciné contre la COVID-19, soulignant une « faillite de différents services publics ». Elle a notamment évoqué les procédures complexes visant à obtenir une autopsie de son père, ainsi que les entraves qu’elle a rencontrées dans sa démarche, qu’elle qualifie de « réel parcours du combattant ».
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Entre questions sans réponses et médecins indisponibles, la citoyenne évoque les conclusions adressées aux causes probables de décès, inconsistantes avec l’état de santé connu de son père. Des conclusions omettant de considérer certaines caractéristiques – telles que les doses de vaccin contre la COVID-19 reçues avant le décès, alors qu’à l’époque l’INSPQ faisait état de 150 000 doses inadéquates, dont le tiers administré à des personnes âgées de 70 ans et plus.
« Quand j’ai demandé un article scientifique à l’appui pour éliminer des hypothèses notamment une réaction à la protéine spike virale ou vaccinale et la présence de caillots inhabituels, systématiquement on nous a opposé une fin de non-recevoir, nombre de personnes et de professionnels m’ont dit ne pas pouvoir m’aider sans risquer des représailles. »
– Paula St-Arnaud, citoyenne
Pour Paula St-Arnaud le manque de transparence de ces institutions pousse à s’interroger sur le sérieux de la pharmacovigilance, à savoir si la sécurité ou la potentielle toxicité des lots sont prises en compte dans l’analyse de ces dossiers.
« Finalement, c’est le premier ministre qui a le dernier mot sur l’indemnisation. Ce même [François Legault] qui a évalué que c’était une bonne idée d’échanger un hot-dog contre une dose ou de taxer les personnes qui n’avaient pas consenti à ce traitement médical. »
– Paula St-Arnaud, citoyenne
Selon Bernard Massie, les résultats de la commission d’enquête citoyenne sont révélateurs d’une crise institutionnelle, soulignant l’instrumentalisation de la science à des fins politiques.
La santé publique face aux médecins sur le terrain
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Simon Ruelland, médecin de famille, est ainsi venu présenter la mise en demeure adressée au Collège des médecins du Québec (CMQ).
Cette mise en demeure envoyée en novembre dernier, fait suite à plusieurs lettres et correspondances envoyées par Réinfo-Québec depuis octobre 2022.
Dans une réponse à une lettre de Réinfo-Québec publiée en 2024, le Collège des médecins réitère sa position, soutenant que les vaccins sont sécuritaires et ont grandement contribué à la fin de la pandémie, tout en sauvant des vies. Il soutient également que le collectif Réinfo-Québec a un positionnement « contraire aux données scientifiques actuelles ».
Les demandes et recommandations de la mise en demeure du collectif indépendant s’appuient sur l’expérience des soignants durant la pandémie, notamment celle du Dr. Ruelland, opposé aux directives de l’Institut de santé publique du Québec, qui l’empêchaient de recevoir certains patients interdits d’accès aux dispensaires en cas de symptômes grippaux.
Des directives qui interrogent le médecin quant au serment d’Hippocrate, affirmant que la santé publique est déconnectée du réel et de ce que constatent les médecins sur le terrain.
À l’époque, les directives de santé publique indiquaient notamment l’isolement des patients présentant des symptômes d’état grippal dans le but de limiter la propagation du virus, des mesures qui se voulaient préventives et sûres.
« Ces technocrates m’empêchaient donc d’évaluer mes patients enrhumés, sous prétexte qu’ils étaient peut-être atteints de la COVID-19. Or, mon serment d’Hippocrate me demande de rencontrer un malade qui désire voir un médecin. Tout comme je me dois d’examiner mon patient malade, d’évaluer les possibilités diagnostiques, de lui offrir un traitement, de faire le suivi médical requis. Toute chose qui soudainement devenait anormale et passible de sanctions si on y contrevenait. »
– Simon Ruelland, médecin de famille
Le médecin de famille indique ainsi avoir été enquêté à 3 reprises par le CQM, à qui il a fait part de « ses observations de dommages graves à la santé subies par plusieurs patients, passées sous silence-radio ».
« J’ai adressé à titre personnel de graves inquiétudes sur la sécurité plus que douteuse et l’efficacité nulle des produits à base d’ARN modifiés administrés à mes patients, d’abord au ministre Christian Dubé, le 12 novembre 2023, ensuite à Luc Boileau, directeur national de la santé publique, le 6 avril 2024, puis à Maureen Gaudreau, présidente du CMQ, le 30 juillet 2024 (…) Aucun des trois n’a daigné me répondre ou n’a délégué quelqu’un pour le faire à sa place. »
– Simon Ruelland, médecin de famille
Un manque de contradiction dans le débat public
À l’issue de cette crise, ces médecins dénoncent l’absence de débat public, évoquant un « musellement » de leur profession et une censure ayant conduit à l’exclusion de certains praticiens qui exprimaient des doutes sur la stratégie vaccinale en place.
« La science, comme nous le disions, n’est science que lorsqu’elle doute, questionne, conteste et tente de réfuter toute certitude présumée. »
– Robert Béliveau, médecin retraité
La mise en demeure constitue ainsi une étape face à la non-réponse du CQM, comme l’indiquent les conférenciers qui réclament un débat ouvert en incluant des membres de la confrérie, des médecins de première ligne ainsi que des experts dissidents.
D’autres actions sont demandées dans cette mise en demeure, comme « la réclamation d’un moratoire immédiat sur l’utilisation des injections à ARN messager modifiés, l’arrêt de diffusion de slogans publicitaires trompeurs sur le vaccin affirmant que ces produits sont sûrs et efficaces – et la reconnaissance des risques avérés et potentiels de ces injections en particulier pour les enfants et les femmes enceintes, l’éclaircissement des aspects soulevés dans cette mise en demeure ainsi qu’un rapport détaillé indépendant sur la vaccination contre la COVID-19, qui traite de l’ensemble des préoccupations mentionnées », détaille le Dr. Simon Ruelland.
[credit] Image à la Une : Photo prise par le collectif lors de la conférence de Réinfo Québec[/credit]