ALL IN : la souveraineté numérique et l’IA agentique à l’honneur

Présentation de Craig Tavares à ALL IN. (Photos : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

Par Chloé-Anne Touma, rédactrice en chef | Publié le 26 septembre 2025


« Si quelqu’un doutait de la nécessité d’une souveraineté numérique au Canada, grâce à (Donald Trump), il ne doute plus. » Cette déclaration percutante de Craig Tavares, président et directeur des opérations de Buzz HPC, prononcée lors de la deuxième journée d’ALL IN – le plus grand rassemblement canadien consacré à l’intelligence artificielle, organisé par Scale AI – aurait tout aussi bien pu en marquer l’ouverture. Tant elle résume le cœur même de l’événement : l’urgence de bâtir une autonomie numérique face aux incertitudes géopolitiques, et de repenser l’IA à travers le prisme de la souveraineté et de l’agentivité. Zoom sur les conférences, exposants et solutions qui ont retenu l’attention de la rédaction de LES CONNECTEURS.

1. Des solutions canadiennes à fort impact, éthiques et encadrées

Vooban Labs et Vooban Cyber

Hugues Foltz, Vooban. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

Pour Hugues Foltz, associé chez Vooban, implanter adéquatement l’IA dans les entreprises, c’est augmenter leur productivité. On peut aider les organisations de tous les secteurs confondus à tirer profit de l’IA. Vooban a profité de l’événement pour dévoiler une double expansion stratégique : la création de Vooban Labs, un laboratoire interne entièrement dédié aux agents d’IA (ou IA agentique), et le lancement de Vooban Cyber, une division axée sur la cybersécurité des projets IA. Avec Vooban Labs, l’entreprise ambitionne d’accélérer l’adoption d’agents autonomes capables de collaborer, de prendre des décisions et d’interagir avec des environnements complexes.

« Nous croyons tellement au potentiel de cette technologie que nous avons d’abord conçu un système multi-agents qui a déjà transformé nos propres façons de concevoir et de développer des logiciels et des modèles d’IA. L’impact a été si significatif que nous voulons désormais en faire profiter nos clients, et nous prévoyons le commercialiser au cours de la prochaine année », affirme Kevin Moore, PDG et fondateur de Vooban. » Vooban Cyber répond quant à elle au besoin croissant d’intégrer sécurité et fiabilité dès la conception des solutions IA. Pour piloter ces initiatives, Vooban nomme Carl Chouinard à la tête de Vooban Labs et Samuel Bonneau à la tête de Vooban Cyber, soulignant ainsi son intention de structurer cette évolution sur des bases solides. L’objectif de Vooban : rester à l’avant-garde de l’IA appliquée, mais aussi anticiper les défis éthiques et techniques que pose le déploiement à grande échelle de solutions intelligentes.

Cohere

Le kiosque de Cohere. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

Cohere est une entreprise canadienne d’intelligence artificielle, fondée en 2019, qui développe des modèles de langage (LLMs) sécurisés et personnalisables pour les usages professionnels, particulièrement dans des secteurs régulés comme la finance, la santé et le secteur public. Pour son cofondateur et président-directeur général, Aidan Gomez, « Les données canadiennes devraient être hébergées au Canada. Nous vivons un moment magique où nous avons une opportunité à saisir : plutôt que de seulement faire bénéficier la Silicon Valley de notre expertise en IA, nous devrions tirer parti commercialement de ce que nous avons offert au monde. »

« Il ne faut pas faire de la tech pour la tech, mais de la tech pour soutenir des services calqués sur de vrais besoins. » – Evan Solomon

En discussion avec lui lors de la première journée d’ALL IN, le ministre de l’Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique au fédéral, Evan Solomon, a réitéré que « La législation en matière de souveraineté digitale est notre priorité. Je veux, par exemple, que si un deepfake illégal sort sur vous, vous ayez des recours. Il ne faut pas faire de la tech pour la tech, mais de la tech pour soutenir des services calqués sur de vrais besoins. » Un discours qui trouve son homologue, en entrevue sur place avec Anne Nguyen, directrice responsable de l’IA au Conseil de l’innovation du Québec : « Il faut se demander si l’intégration d’une solution d’IA amène plus de problématiques qu’elle n’en règle. Cela peut arriver lorsque le niveau de littératie n’est pas suffisant. Il ne faut pas faire de l’IA juste pour faire de l’IA. »

Aidan Gomez, Cohere, et Evan Solomon. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

LexRock AI : expertise souveraine en IA documentaire

Alain Lavoie et Elitza Bodovsky, Lexrock AI. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

Experte de longue date en traitement automatique du langage naturel, LexRock AI maîtrise les enjeux critiques de l’IA documentaire dans les environnements hautement réglementés, et se démarque notamment en matière de souveraineté des données, sobriété numérique et agilité technologique pour sa plateforme LR Studio, qui répond aux besoins complexes des entreprises des secteurs financier, légal et de cybersécurité. Rappelons qu’à VivaTech à Paris, le PDG et cofondateur de LexRock AI, Alain Lavoie, a annoncé le déploiement de la solution LR Studio en France et en Europe, grâce à l’appui d’Exaion, illustrant les retombées de la coopération franco-québécoise en matière d’intelligence artificielle appliquée et de technologies souveraines.

PULR Technologies Inc.

C’est le fondateur de PULR Technologies Inc., François Ménard, qui a remporté le prestigieux Concours de pitch ALL IN 2025, organisé en collaboration avec NextAI Montréal et Creative Destruction Lab. L’entreprise québécoise développe des solutions combinant RFID, intelligence artificielle et électronique durable pour améliorer la traçabilité, la durabilité et l’efficacité dans les chaînes d’approvisionnement, notamment alimentaires. Elle propose des technologies comme des passeports numériques de produits, des étiquettes intelligentes et une plateforme SaaS (Cooldat.AI) permettant de suivre en temps réel la fraîcheur, la température et le cycle de vie des produits. Son approche vise à réduire le gaspillage, allonger la durée de conservation des aliments et soutenir l’économie circulaire grâce à l’Internet des objets (IoT) et à des capteurs écoresponsables.

Le premier portrait de l’écosystème foodtech au Canada

2. Des solutions matures avec retour rapide sur investissement

AppDirect

Steeve Bisson, AppDirect. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

AppDirect a lancé une plateforme appelée Devs.ai (anciennement AppDirect AI) qui permet aux entreprises de créer, déployer, gérer des agents d’IA personnalisés de façon sécurisée. L’idée est d’offrir un studio de création combiné à un marché en ligne d’agents d’IA, avec une interface « low code / no code » pour que des personnes non techniques puissent construire des agents adaptés à leurs besoins. Ces agents peuvent être entraînés sur des données personnalisées (fichiers, sites Web, drives, etc.), ce qui permet de leur donner un contexte spécifique et une fonction précise.

« Les délais liés à la bureaucratie étatique et aux financement font souvent en sorte qu’on va avoir plusieurs dizaines de projets IA entamés mais non aboutis ».

Fondée en 2009 par Nicolas Desmarais (de Montréal) et Daniel Saks, AppDirect est une plateforme de commerce numérique axée sur les abonnements (modèle B2B SaaS), qui permet à des entreprises de vendre, acheter et gérer des services technologiques récurrents sous forme d’abonnement. Elle propose une boutique en marque blanche, un catalogue étendu de fournisseurs SaaS, des outils de facturation, de gestion des données, et des solutions cloud/infrastructure. Grâce à des levées de fonds importantes, notamment de la part de la Caisse de dépôt et placement du Québec, elle s’est dotée des moyens financiers pour accélérer son expansion, renforcer sa présence à Montréal et stimuler son innovation technologique. L’entreprise joue un rôle de catalyseur dans l’écosystème des TI au Québec, promettant la création de centaines d’emplois dans la métropole et affirmant l’importance de Montréal comme siège canadien de ses opérations.

Selon Steeve Bisson, directeur de l’ingénierie des donnée chez AppDirect, ce qui représente souvent un frein à l’innovation en IA, ce sont « Les délais liés à la bureaucratie étatique et aux financement (qui) font souvent en sorte qu’on va avoir plusieurs dizaines de projets IA entamés mais non aboutis ».

Nexapp

Justine Cyr et Sami Cheref, Nexapp. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

Nexapp, une entreprise innovante et en pleine croissance basée à Québec, s’est démarquée par son expertise en développement logiciel sur mesure. Fondée en 2014, elle accompagne des organisations dans leur transformation numérique en offrant des solutions techniques adaptées à leurs besoins spécifiques. « Avec nous, il y a un retour sur investissement très rapide sur les projets d’IA », explique Sami Cheref, directeur de compte, rencontré au kiosque de l’entreprise. Grâce à son équipe dynamique et sa culture de collaboration, Nexapp se positionne comme un acteur clé dans le secteur, avec une forte présence dans les domaines des applications mobiles, du design UX/UI et de l’intégration de systèmes. Partenaire de choix pour des entreprises de divers secteurs tels que l’assurance, la finance et la santé, Nexapp ne cesse de repousser les limites de l’innovation tout en plaçant l’humain au cœur de ses projets. Sa croissance rapide et ses réalisations ont été saluées à plusieurs reprises, notamment par son classement parmi les « Canada’s Top Growing Companies » (Meilleures compagnies canadiennes en croissance) en 2022.

Workleap (autrefois connue sous le nom de « GSoft »)

Guillaume Roy and Simon De Baene, Workleap. (Photo : Chloé-Anne Touma, LES CONNECTEURS)

« L’IA peut soit détruire votre modèle d’affaires, soit le propulser », a lancé Simon De Baene, cofondateur et PDG de Workleap, puis conférencier à ALL IN. Workleap, entreprise montréalaise anciennement connue sous le nom de GSoft, intègre l’IA de manière agentique au cœur de ses produits pour transformer l’expérience employé. Grâce à une intelligence artificielle développée sur mesure, Workleap permet aux gestionnaires et équipes RH d’automatiser l’analyse du feedback, de générer des recommandations personnalisées, et d’agir rapidement sur les signaux organisationnels. L’IA agit comme un véritable copilote — capable de synthétiser des données complexes, de guider les processus d’évaluation, d’optimiser le processus d’intégration ou encore de cartographier les compétences — tout en respectant les standards de confidentialité. Cette approche centrée sur l’humain, mais amplifiée par l’IA, reflète une volonté de simplifier le travail et à rendre les environnements professionnels plus intelligents, agiles et adaptés aux enjeux d’aujourd’hui.

« L’IA peut soit détruire votre modèle d’affaires, soit le propulser. » – Simon De Baene

Un modèle de réussite en matière de « maturité », concept décrit par Sarah Legendre Bilodeau, PDG de Videns Analytics : « Si, comme entreprise, on n’est pas mature en matière d’IA, le risque de l’automatisation à 100 % par l’IA est très élevé », a précisé la PDG, lors d’un échange « futuriste » pour penser l’IA de demain. Un message qui résonne autant que celui de Yoshua Bengio à l’ouverture d’ALL IN, qui a choisi de nous mettre en garde contre les comportements émergents observés de la part des systèmes d’IA agentiques. « Le risque peut sembler hypothétique, mais les enjeux sont si élevés qu’on ne peut se permettre de l’ignorer », a soutenu le fondateur de Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle, et plus récemment du LoiZéro, justement dédié à mieux baliser les systèmes d’intelligence artificielle sur le plan de la responsabilité et de l’éthique.

« Le risque peut sembler hypothétique, mais les enjeux sont si élevés qu’on ne peut se permettre de l’ignorer. » – Yoshua Bengio

Sarah Legendre Bilodeau, dont l’entreprise se consacre justement à la valorisation des données et de l’implantation durable de l’IA au sein des organisations, a indiqué que « L’adoption de l’IA par les entreprises augmentera chaque année de 40 %. (…) Lorsqu’on parle d’IA agentique, on parle d’orchestration d’IA au pluriel au sein d’une chaîne de processus. » Pensons à une IA qui pourrait vérifier un historique d’appels d’offres en architecture, ou du traitement d’un problème au service à la clientèle qui solliciterait une IA à la prise d’appel, puis d’une autre pour valider certaines informations au sein de l’entreprise ou du service. En se référant au rapport du Portrait TI, son coconférencier, Martin Pelletier, chef du département des initiatives stratégiques chez Novipro, a rappelé que « 81 % des entreprises canadiennes prévoient un investissement technologique majeur d’ici 2 ans ».

« L’adoption de l’IA par les entreprises augmentera chaque année de 40 % (…) Lorsqu’on parle d’IA agentique, on parle d’orchestration d’IA au pluriel au sein d’une chaîne de processus. » – Sarah Legendre Bilodeau

Sarah Legendre Bilodeau, Videns Analytics, et Martin Pelletier, Novipro. (Photo : Chloé-Anne Touma)

3. Prise de décision éclairée : l’IA pour une gestion optimale et réfléchie du territoire

CRIM

Agissant comme un véritable hub collaboratif, le Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM), inscrit au chapitre des exposants rassembleurs d’ALL IN, vient de dévoiler la deuxième version de sa plateforme donneesclimatiques.ca, un outil fiable mis à la disposition des Canadiens pour orienter leur prise de décision par rapport aux changements climatiques, une ressource de référence qui s’adresse tant aux décideurs et industries qu’aux communautés. Pensons à la Ville de Montréal, qui se sert des données de la plateforme pour cartographier et recenser les toits en vue d’optimiser l’économie d’énergie.

Donneesclimatiques.ca : un outil prévisionnel pour mieux agir face aux changements climatiques

CIQ

Le Conseil de l’innovation du Québec (CIQ) a d’ailleurs fait l’annonce d’un partenariat majeur avec l’Union des municipalités du Québec (UMQ) consacré à intégrer des outils d’IA pour mieux soutenir la stratégie et la santé économiques des 1040 municipalités. Luc Sirois et Anne Nguyen, respectivement innovateur en chef et directrice responsable de l’IA au CIQ, animaient pour l’occasion une table ronde, qui a permis de rappeler les avantages de plus en plus évidents d’intégrer l’IA aux processus décisionnels en matière de gestion du territoire, mobilisant pas moins de 25 élus et fonctionnaires désireux de favoriser la transition numérique. Un projet à l’image de ceux qui s’inscrivent dans une vision d’accessibilité, comme celui de la « Brigade IA », puisque de plus en plus, on parle d’intégrer les processus d’IA non pas seulement à l’échelle des gros joueurs tech, mais davantage au sein des petites organisations et au profit des communautés, d’indiquer Luc Sirois en entrevue. Pour Anne Nguyen, « Trop d’organisations, particulièrement les petites et moyennes, se sentent encore éloignées de l’intelligence artificielle. Avec la Brigade IA, nous voulons créer un pont : offrir un accès direct à des praticiens qui comprennent leurs défis concrets, et les aider à passer de la curiosité à l’action. C’est une façon très humaine de rendre l’IA plus proche, plus utile, et surtout plus alignée sur nos valeurs collectives. »

L’IA au service des villes : un partenariat stratégique entre le CIQ et l’UMQ, annoncé à ALL IN

4. La collaboration : un autre facteur clé

Pour le Conseil de l’innovation et sa division IA Québec, « Un an après avoir amorcé les travaux pour renforcer la littératie numérique des milieux municipaux, l’objectif d’aujourd’hui est d’identifier les enjeux collectifs, définir les thématiques prioritaires, et établir des modalités de collaboration concrètes. » Un message qui fait écho aux nombreux témoignages d’experts rencontrés à ALL IN, évoquant le besoin de plus de collaboration interdisciplinaire et de convergence des efforts et ressources, déjà bien prometteurs au Québec. Car, si la province se démarque pour ses talents, sa recherche et ses infrastructures, c’est l’intention collective et l’adoption réfléchie, au profit du bien commun, qui méritent à présent l’attention des décideurs et acteurs de l’innovation. « C’est pour cela qu’on s’associe, pour rendre nos villes plus résilientes, efficaces et modernes », de soutenir Michel Angers, président de la Commission de l’innovation et de la transformation numérique et maire de Shawinigan.

NVIDIA

Du côté des géants tech, avoir la capacité d’entretenir la collaboration fait aussi ses preuves sur le marché international. NVIDIA, autre acteur vedette d’ALL IN, se distingue actuellement dans l’infrastructure IA, grâce à des partenariats stratégiques de très grande ampleur, notamment avec OpenAI pour déployer plus de 10 GW de capacité en centres de données et un investissement conjoint de plus de 100 milliards de dollars. L’entreprise mise sur la co-conception matériel-logiciel et la collaboration ouverte avec de grands acteurs comme Microsoft, Intel et Cisco, permettant une intégration accélérée et adaptée aux besoins concrets du secteur. Cette stratégie collaborative, officialisée en septembre 2025 et montrée en exemple lors de plusieurs conférences à ALL IN, place NVIDIA au cœur des évolutions industrielles majeures en IA à travers des écosystèmes partagés à l’échelle mondiale.

5. La valorisation d’une diversité de talents pour faire face aux défis actuels

« (…) à l’heure actuelle, les bancs d’université se remplissent, justement parce que les gens veulent se réinventer, demeurer compétents et, surtout, pertinents pour la société », rappelait Anne Nguyen, en entrevue avec LES CONNECTEURS en avril dernier.

Mitacs

Ce constat était encore celui des conférenciers et exposants d’ALL IN venus démontrer l’opportunité à saisir, comme les invités panélistes de Stephen Lucas, PDG de Mitacs, qui ont témoigné en faveur de la diversité des talents qualifiés, pluridisciplinaires et internationaux au profit de l’innovation canadienne. Rappelons que Mitacs met en relation les entreprises canadiennes avec des talents hautement qualifiés, pour les aider à relever des défis concrets et répondre aux besoins de l’industrie. Rien que pour les années 2018-2019 et 2024-2025, l’impact significatif de Mitacs dans l’écosystème de l’innovation se mesurait à 390 M$ d’investissements en R-D.

L’empreinte de l’innovation québécoise et de Mitacs : du local au global

Rappelons d’ailleurs que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), bien représenté à ALL IN en la ministre Christine Fréchette, lance un appel aux consortiums d’entreprises québécoises pour participer à des projets d’innovation collaborative en IA et en technologies quantiques. « Les entreprises qui souhaitent réaliser un projet d’innovation avec d’autres PME ou des entreprises innovantes à fort potentiel de croissance (« start-up »), avec la possibilité d’une collaboration avec un centre de recherche pour le développement, la commercialisation ou l’adoption de technologies quantiques et d’intelligence artificielle, peuvent déposer une demande d’aide financière. Cet appel de projets est mis en œuvre en collaboration avec les neuf regroupements sectoriels de recherche industrielle (RSRI) et IVADO, ou pour les projets issus de l’initiative Confiance IA, qui sont mandatés pour identifier des projets porteurs en lien avec l’intelligence artificielle et les technologies quantiques dans leur secteur stratégique : CQRDA, CQDM, CRIAQ, CRIBIQ, CRITM, InnovÉÉ, MEDTEQ+, PRIMA Québec, PROMPT. »

6. Catalyser l’innovation

La société montréalaise Prompt, reconnue pour son rôle de catalyseur des collaborations scientifiques et industrielles en intelligence artificielle, a aussi marqué ALL IN de sa présence. Forte de son engagement à soutenir l’innovation numérique au Québec par le financement de projets R-D et ses appels de projets en cours, Prompt a saisi cette troisième édition du plus grand événement dédié à l’IA au Canada pour renforcer sa mission : rapprocher chercheurs, entreprises et institutions afin de transformer les avancées technologiques en retombées concrètes pour l’écosystème local et international. En allant à la rencontre des start-up, experts et décideurs, Prompt rappelle l’importance d’unir forces académiques et industrielles pour accélérer l’adoption responsable de l’IA et positionner Montréal comme pôle de référence mondiale.

7. S’adapter et répondre à des besoins nichés

L’IA pour alléger la charge de travail en soins infirmiers et les bonifier

Le kiosque d’Airudi. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Airudi lance ENACT : une solution qui libère le potentiel des soins infirmiers grâce à l’IA. Les partenaires Airudi et le Centre universitaire de santé McGill ont ainsi présenté les retombées attendues de leurs collaboration dans le cadre de ce projet. Reposant sur l’IA, la solution doit permettre de simplifier les processus administratifs, optimiser la planification du travail et redonner du temps aux infirmières pour qu’elles puissent passer plus de temps de qualité avec les patients. Il s’agira donc de déléguer certaines tâches à ENACT, relevant principalement de la rédaction de documents, la communication interne, l’étude de dossiers, la production de rapports infirmiers, etc. Le projet, qui vient d’amorcer sa phase de conception, sera déployé progressivement d’ici 2026. « Ce projet s’inscrit dans notre vision d’une pratique infirmière durable, collaborative et valorisée. ENACT n’a pas pour objectif de remplacer les infirmières, mais de leur fournir des outils puissants pour mieux soutenir leurs décisions cliniques et leur quotidien. Concrètement, nous aimerions redonner à chaque infirmière une heure de plus par semaine au chevet du patient », souligne Alain Biron, directeur des soins infirmiers du CUSM.

Des robots qui font sensation

Le chien-robot Spot. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Développé par Boston Dynamics, l’illustre chien-robot Spot, qui se consacre à améliorer l’entretien des équipements industriels, faisait une fois de plus office d’attraction à l’événement, en compagnie d’ambassadeurs d’Osedea, l’entreprise montréalaise spécialisée en développement logiciel et en innovation, qui a intégré le robot quadrupède dans son portefeuille technologique, et qui a souligné l’intérêt pour les entreprises d’avoir des robots adaptés de manière personnalisée à leurs besoins.

Le kiosque d’Acrylic Robotics. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Quelques kiosques plus loin, le robot d’Acrylic Robotics faisait la démonstration de ses compétences en matière de peinture sur toile pour reproduire une œuvre. L’entreprise tente de réinventer la création artistique, en combinant robotique de précision et intelligence artificielle pour permettre aux artistes de reproduire leurs œuvres originales sous forme de peintures physiques, uniques et texturées, réalisées par un bras robotisé qui imite précisément chaque coup de pinceau. Cette technologie novatrice démocratise l’accès à l’art peint, en réduisant le coût de production et en offrant aux artistes la possibilité de produire davantage d’œuvres sans effort supplémentaire, tout en garantissant qu’ils conservent leurs droits et reçoivent une juste rémunération. Par ce procédé, Acrylic Robotics transforme non seulement la manière dont l’art est créé et vendu, mais contribue aussi à rendre la peinture de qualité plus accessible au grand public, tout en préservant l’authenticité et l’aura des œuvres originales.

Moov AI, Mira et Mondou

Le kiosque de Moov AI. (Photo : Chloé-Anne Touma)

Si le chien-robot Spot attirait l’attention, ce sont les vrais chiens du kiosque de Moov AI qui ont volé la vedette. Mira offre gratuitement des chiens-guides et d’assistance à des personnes vivant avec un handicap visuel ou physique ainsi qu’à des jeunes atteints de TSA. Désormais, les chiens recueillis par Mondou pour devenir guides et placés par Mira pourraient être « matchés » à leur famille d’accueil grâce à l’intelligence artificielle et à l’analyse de données. Tel est le pari audacieux de Moov AI, qui développe des solutions pour maximiser les rapprochements réussis et le bien-être partagé, comme l’explique l’un des ambassadeurs du projet, présent au kiosque le plus animé d’ALL IN.

8. Décloisonner la recherche pour une meilleure commercialisation

IVADO Labs

Le kiosque d’IVADO Labs. (Photo : Chloé-Anne Touma)

L’équipe d’IVADO, qui présentait notamment IVADO Labs, a souligné le rôle essentiel de la communication scientifique pour favoriser une adoption éclairée de l’IA. « Chez IVADO Labs, chaque projet représente une occasion de transformer le savoir en actions concrètes. » La branche IVADO Labs se spécialise dans le développement de solutions concrètes d’IA pour répondre à des enjeux commerciaux complexes, notamment dans la gestion des revenus, l’anticipation de la demande, l’optimisation des stocks, la maintenance prédictive et la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Elle collabore avec des chercheurs, des conseillers scientifiques et des stratèges d’affaires afin d’appliquer les découvertes les plus avancées en IA et en optimisation mathématique aux besoins réels des entreprises de toutes tailles. Sa mission complexe est de sortir les technologies de pointe des laboratoires pour les mettre au service du développement économique, avec des projets menés en partenariat avec de grandes entreprises et des initiatives publiques comme Scale AI.

Numana

« Aujourd’hui, on parle beaucoup d’identité numérique et de la façon de la sécuriser. Or, ce que Numana fait, c’est protéger les ‘autoroutes’ par lesquelles elle transite », explique Bernard Duval, PDG de Numana, l’organisation responsable de l’exploitation et du rayonnement du banc d’essai de communication quantique Kirq. À ses yeux, il faut changer la façon d’aborder ces transformations : on ne devrait pas considérer séparément les révolutions de l’intelligence artificielle et celles du quantique, puisqu’elles s’intègrent dans la même phase transitoire et le même écosystème d’innovation. Il observe par ailleurs que la commercialisation de l’IA est freinée par un travail en silo, et espère que le domaine du quantique saura briser ces cloisonnements beaucoup plus tôt dans son cycle de développement.

VIDÉO | La révolution de la communication quantique : Nokia et Honeywell s’associent à Numana

9. Miser sur les grappes d’innovation et la collaboration internationale

Le kiosque de Scale AI. (Photo : Chloé-Anne Touma)

En clôture de la conférence Scale AI, la ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, Mélanie Joly, a livré une allocution réaffirmant le leadership du Canada et sa vision stratégique dans le domaine de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes. Elle a mis en exergue le rôle déterminant des grappes d’innovation mondiales dans la création d’applications structurées, sécuritaires et souveraines, qui servent des secteurs clés comme le numérique, la fabrication avancée, les protéines végétales, la chaîne d’approvisionnement et l’industrie océanique. Tout au long de l’événement, la ministre a échangé avec des innovateurs venus du Canada et de l’étranger autour de recherches de pointe aux retombées concrètes, notamment pour la défense nationale, la cybersécurité ou les infrastructures critiques. Elle en a profité pour rencontrer des dirigeants et des partenaires stratégiques majeurs, explorant les opportunités de collaboration et réitérant l’engagement du gouvernement fédéral à investir dans l’IA et la recherche quantique, deux pivots majeurs pour la résilience économique et la sécurité du pays.