environnement
Quand l’IA devance les flammes : la technologie au service de nos forêts

Quand l’IA devance les flammes : la technologie au service de nos forêts

Une chronique d’Amira Morsli | Publiée le 27 juin 2025


Face à l’intensification des incendies de forêt, l’intelligence artificielle s’impose comme une alliée précieuse. De la détection précoce à la prévention, découvrez comment cette technologie révolutionne la lutte contre les feux.

Chaque année, les incendies de forêt gagnent en fréquence et en intensité, ravageant des millions d’hectares et menaçant la biodiversité, la santé publique et l’économie. En 2023, le Canada a connu sa pire saison, avec plus de 18 millions d’hectares partis en fumée. Face à ces défis, l’intelligence artificielle (IA) émerge comme une solution innovante, capable d’anticiper, de détecter et d’alerter plus rapidement que jamais.


Consultez cette chronique telle que parue initialement dans notre revue interactive, ou poursuivez votre lecture sur cette page.


Une vigilance accrue grâce à l’IA

Traditionnellement, la détection des feux reposait sur l’observation humaine : tours de guet, patrouilles aériennes, ou signalements citoyens. 

Aujourd’hui, l’IA bouleverse cette approche. Des systèmes intelligents analysent en continu les données de caméras thermiques, de capteurs au sol, de drones et de satellites. Ces systèmes repèrent les signes avant-coureurs d’un incendie, comme une hausse de température ou un panache de fumée inhabituel.

L’entreprise Pano AI a déployé des caméras 360° dotées de vision par ordinateur aux États-Unis et en Australie. Ces caméras repèrent des foyers de feu à plusieurs kilomètres et déclenchent automatiquement une alerte aux autorités compétentes. Cette capacité de réaction accélérée permet de contenir les incendies avant qu’ils ne se propagent de manière incontrôlable.

Du ciel aux satellites : un maillage intelligent

Sur le terrain, des drones autonomes dotés de caméras infrarouges analysent la forêt à la recherche de poches de chaleur ou de gaz inflammables. Certains peuvent même évaluer la dangerosité d’un foyer selon sa localisation et son intensité. En altitude, des satellites comme ceux du projet FIRMS (NASA) ou du programme Copernicus (UE) offrent une vision globale des feux en temps réel, permettant une coordination internationale des secours.

L’entreprise OroraTech, de son côté, mise sur des nanosatellites équipés de capteurs infrarouges pour une surveillance continue, y compris dans des régions isolées où les infrastructures classiques sont absentes.

« L’IA ne se contente pas de détecter : elle prévient. En croisant des données (…), ces modèles prédictifs cartographient les zones les plus vulnérables. »

Cartographier le risque pour mieux prévenir

L’IA ne se contente pas de détecter : elle prévient. En croisant des données topographiques, climatiques, végétales et historiques, ces modèles prédictifs cartographient les zones les plus vulnérables. Ces cartes intelligentes permettent d’adapter les mesures de prévention : interdictions de feu, brûlages dirigés, renforcement de la surveillance, etc.

Au Canada, des chercheurs de l’Université de Waterloo ont mis au point un outil d’IA capable d’estimer la trajectoire probable d’un incendie, en tenant compte du vent, de l’humidité et du relief. Une telle précision permet d’ajuster les stratégies d’intervention et de limiter les dégâts.

Soutenir sans remplacer : l’humain au centre de la décision

Si l’IA offre des outils puissants, elle ne remplace pas l’expertise humaine. Les pompiers, urbanistes et décideurs utilisent ces analyses pour mieux cibler leurs actions, allouer les ressources efficacement, ou définir des plans d’évacuation.

La fiabilité des données, la limitation des biais et la compréhension des prédictions sont des enjeux clés pour garantir une confiance durable envers ces systèmes. Une IA mal conçue pourrait alerter inutilement ou passer à côté d’un risque critique.

Les coulisses technologiques et logistiques : un défi de taille à déployer

Bien que prometteuses, ces technologies ne sont pas sans contraintes. Leur déploiement à grande échelle soulève des enjeux de coûts, d’infrastructures et de couverture territoriale. Avec plus de 347 millions d’hectares de forêts, le Canada devrait équiper d’immenses territoires de capteurs, caméras intelligentes ou stations de surveillance connectées. Cela pourrait exiger l’installation de centaines, voire de milliers de dispositifs technologiques, avec un investissement logistique et financier considérable.

De plus, certaines régions sont difficilement accessibles ou mal desservies par les réseaux de communication, ce qui complique le transfert en temps réel des données collectées. Ces limites doivent être intégrées dans toute stratégie de prévention appuyée par l’IA.

Des forêts plus résilientes

L’intelligence artificielle marque une avancée majeure dans la lutte contre les feux de forêt. En permettant une détection plus rapide, une meilleure anticipation et une planification adaptée, elle ouvre la voie à une gestion des risques plus efficace.

Dans un contexte climatique alarmant, l’IA devient un véritable outil de résilience. Intégrée avec transparence et éthique, elle ne remplace pas la responsabilité humaine, mais la renforce en la dotant d’une vision augmentée.