
Quand l’orthopédie robotique s’installe au Québec
Le Québec, figure mondiale en santé numérique, a plus que jamais l’ambition de placer l’intelligence artificielle (IA) au cœur de ses projets d’innovation. Alors que de nombreuses initiatives marquent la province, le domaine de l’orthopédie attire également l’attention avec l’émergence de plusieurs solutions technologiques, favorisant notamment le développement de la médecine robotique.
Par Sacha Israël, journaliste | Publié le 3 mars 2025
Pour lire cet article tel que paru initialement dans la revue animée et interactive LES CONNECTEURS :
Un pôle central de santé numérique
Divers instituts permettent notamment de parler du Québec comme d’une référence en matière de santé numérique.
Reçue en entrevue pour une capsule LES CONNECTEURS 3QR, Gabrielle Hurtubise-Radet, gestionnaire principale des projets start-up à Mila, l’institut québécois d’intelligence artificielle, évoquait les laboratoires accompagnant les chercheurs dans le développement de l’IA. Un institut d’ailleurs reconnu mondialement par ses diverses collaborations de recherche avec plusieurs universités montréalaises de renom. L’université McGill, notamment, participe activement à certains projets de recherche en IA appliquée à la santé, contribuant ainsi à l’avancement de technologies médicales.
Vers un développement de la chirurgie orthopédique intelligente
Si ces avancées bénéficient à l’ensemble du domaine médical, l’orthopédie tire particulièrement parti de l’IA, qui ouvre la voie à des solutions innovantes améliorant le parcours post-opératoire des patients.
« L’ensemble de ces avantages contribue à accélérer le retour des patients à une vie active et en santé. » – Dr Hai Nguyen, chirurgien orthopédique à l’Hôpital Charles-Le Moyne
Le robot d’assistance orthopédique chirurgical développé à l’hôpital Charles-Le Moyne de la Montérégie-Centre, dévoilé en décembre 2024, témoigne notamment des avancées révolutionnaires dans le domaine. Cette technologie dédiée à la chirurgie du genou favorise une récupération plus rapide et une diminution de la durée d’hospitalisation, et limite les besoins en physiothérapie, tout en réduisant la prise de médicaments contre la douleur, comme l’indique le Dr Hai Nguyen, chirurgien orthopédique spécialisé en remplacement du genou et de la hanche à l’hôpital : « L’ensemble de ces avantages contribue à accélérer le retour des patients à une vie active et en santé. »
Cette innovation québécoise récente rappelle également diverses collaborations avec les entreprises étrangères qui viennent s’implanter dans la province pour développer des solutions technologiques similaires en orthopédie.
C’est le cas de la société américaine Zimmer Biomet, dont la filiale montréalaise contribue à développer des solutions permettant d’augmenter la précision des interventions chirurgicales au genou, à la hanche et à l’épaule.
Ces solutions chirurgicales, vendues dans plus de 40 pays, sont conçues à Montréal dans un laboratoire où 400 spécialistes développent des logiciels de pointe intégrant l’IA pour améliorer la durée de vie des implants orthopédiques et les pronostics des patients.
En octobre 2024, l’entreprise américaine THINK Surgical, Inc., qui développe et commercialise des robots orthopédiques, a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’un nouveau laboratoire de recherche et de développement à Montréal. Déjà établie à Montréal dans un espace partagé depuis 2017, elle a lancé ce laboratoire avec l’objectif de bénéficier du savoir-faire de l’écosystème pour travailler, tester et améliorer des robots orthopédiques.
« Avec quelque 240 entreprises spécialisées en technologies médicales, le Grand Montréal s’impose comme une destination de choix pour les investisseurs de ce secteur de pointe. Cet écosystème, combiné à une vaste expertise en intelligence artificielle, contribue à attirer des projets porteurs, comme celui de THINK Surgical (…) », décrit le président et directeur général de Montréal International, Stéphane Paquet.
Les ambitions de la robotique et de l’IA au Québec
Le centre de santé de l’Université de McGill a d’ailleurs récemment mis en lumière les avancées majeures de la chirurgie robotique, propulsée par les technologies et l’informatique des dernières décennies.
Plusieurs avantages sont appuyés dans l’utilisation de la robotique, tels que la précision des opérations chirurgicales, une meilleure récupération pour les patients ainsi que la possibilité de réaliser des procédures médicales non réalisables autrement.
Le Dr Simon Tanguay, chef du service d’urologie au Centre universitaire de santé McGill, considère le robot Da Vinci comme l’une des plus grandes avancées du domaine. Grâce à ses multiples bras, cet outil offre aux chirurgiens une extension de leurs gestes, améliorant ainsi leur précision.
Créé en 2021 et situé à l’Hôpital général de Montréal, le laboratoire de recherche et d’innovation SuPER (Surgical Performance Enhancement and Robotics) fait ainsi partie des établissements dédiés au développement de technologies d’IA appliquées à divers domaines médicaux, notamment la chirurgie cardiaque, l’ophtalmologie, la neurochirurgie et l’orthopédie.
Ces diverses initiatives témoignent ainsi de la volonté marquée du Québec de continuer sa progression vers la médecine de précision ; une volonté d’ailleurs gouvernementale, avec le plan d’investissement d’IA 2024-2027 lancé par la province.
Ce plan gouvernemental publié par le ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec, établit ainsi une intégration stratégique de l’IA dans le réseau de la santé et des services sociaux, en proposant quelques critères d’encadrement de cette initiative.
Ces critères visent notamment à créer une synergie entre les différents acteurs du système pour une adoption sereine de l’IA, tout en soutenant les projets novateurs à travers une mise en place de directives et de normes pour une utilisation éthique et responsable de l’IA en santé.