Complètement perdu | IA et énergie : connectons les connecteurs!

Comme à mon habitude, je me retrouve complètement perdu dans notre monde complexe, cette fois par la faute de notre chère rédactrice en chef, qui me demande une chronique sur les défis liés à l’IA et l’énergie, comme s’il s’agissait des deux grands fantômes qui hantent ce début 2025.

Par Florian Saugues | Publié le 7 férvier 2025, initialement paru dans le numéro 10 de la revue LES CONNECTEURS :

Entre ces deux sujets, c’est un événement en apparence anodin qui est venu relier les points. Nous avons binarisé notre monde. C’est le point principal avec lequel je ressors de la première projection du documentaire « La pensée machine », d’Olivier D. Asselin, à laquelle j’ai eu le privilège d’assister.

Et c’est là que je vois probablement notre principal défi : dépasser nos innombrables binarités monolithiques, la « gauche » et la « droite », nos rapport à la vérité et la post-vérité, ralentir ou accélérer, faire société ou partir s’enfermer dans un chalet, techno-solutionnisme contre primitivisme, etc. Réaliser à quel point nous sommes attachés à une forme ancestrale de manichéisme, c’est quelque chose!

« Dans un monde où nous n’avons jamais eu accès à autant d’information et de recherche, nous sommes noyés dans une ère où l’information vérifiée et durable dans nos esprits est plus difficile à identifier que jamais. »

Et pourtant, nous ne manquons pas d’occasions de dépasser cette binarité, que ce soit dans la sphère technologique ou idéologique. Les spécialistes de la rhétorique savent pourtant que les arguments les plus convaincants se font en triptyques – et iels m’accuseront de sophisme ici, je prends. Pour quelqu’un comme moi, qui flirte un peu avec les technologies quantiques, je ne peux que penser qu’on s’en va vers un dépassement de cette binarité trop confortable.

Si vous avez lu mes chroniques précédentes, vous pensez peut-être que je vais ici vous inviter à revenir aux fondamentaux, mais pas cette fois. Pas cette fois, parce que comme le dit le sociologue Harmut Rosa, l’accélération de la technique et de la technologie est en décalage avec l’accélération de notre société. Dans un monde où nous n’avons jamais eu accès à autant d’information et de recherche, nous sommes noyés dans une ère où l’information vérifiée et durable dans nos esprits est plus difficile à identifier que jamais. Et les IA génératives, nos LLM qui accompagnent nos vies, qu’on le veuille ou non, et leurs douces hallucinations, ne sont pas là pour arranger les choses.

Ça en fait des défis plus ou moins technologiques pour 2025, mais je vous en fait le résumé de mon point de vue : dépasser la binarité (ça fera plaisir aux LGBTQ2SIA+ et ça m’attirera l’ire des réactionnaires). Et comme piste, je vous laisse avec les sages paroles d’Alexi-Michel Schmidt-Cadet, un criminologue et mon thérapeute (qui s’inspire d’ailleurs d’Harmut Rosa, je ne l’ai pas cité pour rien) : « Il ya un mouvement de ralentissement face à l’accélération, mais notre issue ce n’est ni d’accélérer, ni de ralentir, c’est de connecter. »

Et considérant que j’écris ces lignes dans LES CONNECTEURS, ça me paraissait comme un très beau message pour débuter cette année. Alors prenez un moment dans votre semaine technologique pour passer un moment humain, avoir une conversation, ou vérifier que vous vous écoutez bien à travers votre voyage dans l’innovation technologique.